Hautes-Alpes : le feu de Chanousse, une épreuve difficile en montagne pour les sapeurs-pompiers

Sans doute encore plusieurs jours de travail aux sapeurs-pompiers pour venir totalement à bout de ce feu de forêt en montagne qui semble déjà être le plus important incendie de ces vingt dernières années dans les Hautes-Alpes. Selon un décompte provisoire, le feu de Chanousse a déjà parcouru 130 hectares.

La fumée noire et épaisse se faisait encore sentir, ce lundi à l’aube, dans la vallée encaissée et verdoyante où se trouve le petit village de Chanousse, une cinquante d’habitants à peine, au sud des Hautes-Alpes. Rapidement incontrôlable, l’incendie a débuté la veille, ce dimanche 20 août, vers 17h30, et s’est rapidement propagé dans un massif extrêmement boisé, rocheux, et quasiment impossible d’accès pour les imposants véhicules de lutte contre les feux de forêt. Certains pèsent jusqu’à 26 tonnes. Aucune habitation n’est directement menacée mais plusieurs centaines d’hectares peuvent facilement partir en fumée. Les sapeurs-pompiers vont stopper le feu sur son flanc gauche avant qu’il ne franchisse la route départementale, près du lieu-dit « La Combe ».

« Je suis abasourdi par l’intensité du sinistre auquel on ne s’attendait pas du tout et en même temps rassuré par la mobilisation des pompiers avec des effectifs conséquent« , confie alors Alain Mathieu, le maire depuis 2020 de Chanousse. Une dizaine d’habitants, inquiets par l’important dégagement de fumée, vont un temps se retrouver dans la salle des fêtes du village. La nuit tombe, le ballet des Canadairs et des hélicoptères de la Sécurité civile va s’arrêter. L’incendie est alors en propagation libre et un sapeur-pompier a été légèrement blessé à la jambe.

Aménager une piste en pleine nuit

Les renforts venus des départements voisins, Alpes-de-Haute-Provence, Drôme, Bouches-du-Rhône, Vaucluse et Var (notamment la Sécurité civile de Brignoles), arrivent progressivement et jusqu’à tard dans la nuit de dimanche. Au total, près de 260 sapeurs-pompiers vont ainsi être mobilisés. Ils sont naturellement épaulés par deux Canadairs, un Dash 8 et des hélicoptères bombardiers d’eau, en l’occurrence un Super Puma et un Chinook facilement reconnaissable avec son double rotor, deux appareils capables de larguer avec précision près de 3,5 tonnes d’eau. Avions et hélicoptères ont réalisé 130 largages pendant ces 24 heures.

« L’enjeu de cette journée de lundi est d’arriver au plus près du feu dans des zones difficiles d’accès afin de stopper la propagation de l’incendie », résume le Commandant des opérations de secours (COS), le lieutenant-colonel Éric Noël, du Service départemental d’incendie et de secours (SDIS) des Hautes-Alpes. Le département est en vigilance jaune pour le feu de forêt et en vigilance orange canicule. La température frôle les 40 degrés. La crête du feu se trouve alors à 1.200 mètres d’altitude avec un dénivelé de 400 mètres, soit la hauteur de la tour Eiffel. La fatigue se lie sur le visage des sapeurs-pompiers. Le vent se lève en ce lundi après-midi.

La tête du feu et son flanc gauche sont « attaqués » par les moyens aériens. Les sapeurs-pompiers se concentrent sur le flanc droit. Dans la nuit, une équipe spécialisée de la Sécurité civile (UIISC 7), dotée notamment de bulldozer, a aménagé une piste existante mais en très mauvaise état. Il leur faudra près de 6 heures de travail pour rendre praticable 3 km de piste. Alors que les sapeurs-pompiers s’engouffrent dans la végétation, tuyaux à la main, les véhicules doivent se ravitailler en eau dans la vallée. Une noria dure environ 45 minutes. Le difficile ravitaillement en eau dans la vallée complique la tâche des sapeurs-pompiers. D’autres équipes sont chargées d’allumer des contre-feu, c’est-dire brûler une zone sur laquelle le feu ne pourra plus se consumer. « Ce lundi après-midi, le feu est assez virulent sur son flanc gauche, nous cherchons par les moyens aériens et terrestres à contenir l’extension dans cette zone« , soulignait le directeur du Sdis 05, le colonel Alain Juge.

Une origine malveillante ?

« Je suis inquiets pour le budget du Sdis, nous n’avions pas prévus de feu de forêt. Il y a la solidarité de l’État (renforts aériens et extradépartementaux NDLR), il va falloir une aide des collectivités car ce feu va entrainer un cout important« , regrette le vice-président du conseil départemental des Hautes-Alpes Marcel Cannat, par ailleurs président du conseil d’administration du SDIS 05. « On suppose que le feu est parti au pied de la montagne, à proximité de la route départementale et qu’il s’agit d’un accident d’origine humaine« , a indiqué le maire de Chanousse. L’hypothèse d’un feu de camping sauvage ou d’un barbecue n’est pas exclu. Une enquête judiciaire a été ouverte par le parquet de Gap et confiée à la gendarmerie en lien avec l’Office nationale des Forêt (ONF).